C’est la galère !
Comme vous le savez peut-être nous avons
abandonné le Mini
Fastnet.
François et moi quelques instants avant la sortie du port
Retour donc sur cette grosse déception :
Vendredi soir lors du briefing nous avions déjà
appris que
le parcours ne serait pas celui prévu et que nous n’irions pas au
mythique
Fastnet. En effet à cause d’une dépression dans l’Atlantique les
organisateurs
ont sagement décidé de nous envoyer dans le sud virer une bouée au
large de
l’embouchure de la Gironde. Et finalement lors du briefing du
samedi soir, la prévision
météo ayant encore évolué, ils ont décidé de nous envoyer virer
une bouée au
large de la Rochelle.
Dimanche matin après une nuit à l’hôtel Ty Mad
(énorme merci
à Arnaud !), François (mon co-skipper) et moi nous retrouvons vers
8h sur
le ponton pour faire un dernier point sur l’avitaillement, qu’il a
fallu
adapter au changement de parcours. Puis nous faisons le point sur
la météo, la
course s’annonce sympa malgré une pluie attendue régulièrement. La
descente se
fera à grande vitesse, suivi d’un retour au près avec des bascules
intéressantes à négocier ! En début d’après-midi, nous sommes fin
prêts ! Je savoure ces derniers moments avant la sortie du port qui
dénote
fortement avec les derniers mois où je n’ai fait que courir pour
préparer le bateau,
la satisfaction est grande !
Nous serons les premiers à sortir du port,
c’est aussi le
genre de chose qui me fait plaisir, cela permet d’essayer quelques
configurations de voiles, et de se préparer tranquillement au
départ. Le vent
et la mer sont assez soutenus, cela promet d’être sportif !
A 17h, le coup de canon retentit, les fauves
sont
lâchés ! Nous prenons un départ très moyen, et malgré notre
préparation
avant le départ, on a du mal à trouver la bonne vitesse. En plus
de la gestion
assez difficile du bateau il faut faire très attention aux autres
bateaux afin
d’éviter une collision impromptue ! En solitaire ou en double, il
n’est
pas facile d’avoir les yeux partout, surtout dans ces conditions !
Je dois
avouer un stress important !
Une heure après le départ, les premiers
prototypes sont déjà
loin, ils ne nous ont pas attendu, et il va falloir cravacher dur
pour les
rattraper. Heureusement nous retrouvons doucement nos marques et
notre vitesse
s’améliore, nous dépassons en vitesse pure deux autres prototypes,
dont le
sister-ship de notre bateau ! J’ai le sourire, la sortie de la
baie de
Douarnenez est devant nous, c’est parti !
Malheureusement notre élan prend un sacré coup
quand la
grand voile se déchire au niveau du deuxième ris, c’est à dire à
mi hauteur. Tellement
excité par l’envie de faire cette course, je saute sur les drisses
et autres
bouts (cordes en termes marins), pour réduire encore la toile,
bien décidé à
continuer coûte que coûte ! Nous reprenons donc notre route très
rapidement, mais l’évidence revient au galop, on n’avance pas !
Les
bateaux les plus lents nous rattrapent rapidement. Obstinés nous ne
nous
décourageons pas. Le pointe de la Bretagne arrive, les concurrents
envoient leur
grand spi. Pour ne pas abimer notre mât tout neuf, nous décidons
de nous
contenter du petit spi. Force est de constater que pour gagner une
vitesse
correcte, il nous faut faire une route plus près du vent que les
autres. Après
quelques heures comme ca, il est clair que la fin de la course ne
va pas être
évidente. La descente sous spi est agréable bien que pas sur la
bonne route,
mais la remontée vers la Bretagne au près promet d’être difficile
et surtout
lente. Trop lente ? La dépression dont nous avions déjà parlé est
prévue
pour jeudi, et nous avons bien peur de ne pas être en mesure
d’atteindre
Douarnenez d’ici-là, c’est donc la mort dans l’âme que nous
contactons
l’organisation pour leur communiquer notre abandon vers 22h, et
que nous
continuons vers la Rochelle.
Le soleil se couche sur la flotte et un peu
choqué par cette
nouvelle péripétie, j’accuse le coup. François me propose
gentiment d’aller
faire une sieste, ce que j’accepte volontiers. Je ne trouverai pas
le sommeil,
mais cela m’aura permis de me reposer un peu et de faire le point
sur mes
motivations, sont elles encore de la partie ? Et bien oui ;-)
Quand
je ressors du bateau, la nuit est très sombre, François, bien
fatigué, va
prendre ma place dans le bateau, je me retrouve seul sur le pont,
un grand
moment de bonheur ! Non pas que François ne soit pas sympathique,
mais le
fait de profiter du bateau seul est vraiment agréable, surtout que
quelques
instants plus tard le vent s’est renforcé fortement pour nous
propulser à des
vitesses assez indécentes, pendant près d’une heure je ne serai
jamais en
dessous de 12 kts, et régulièrement des pointes à un peu plus de
15 kts et ceci
malgré notre petite surface de voile ! C’est la première fois que
je vais
aussi vite avec le bateau et cela a fini de me remotiver pour la
suite du
programme, ce bateau est merveilleux ! Notre parcours depuis le
début du
projet est semé d’embuches, mais j’ai reçu quelques brides de
plaisirs intenses
depuis la mise à l’eau, et j’ai vraiment hâte de pouvoir profiter
pleinement
des capacités du bateau dans les prochaines courses !
L’abandon signifie purement et simplement que
je ne pourrais pas
me qualifier pour la grande course de cet été, Les Sables – Les
Açores – Les
Sables. C’est d’ailleurs ce qui m’a fait le plus mal. Mais mon
objectif est et
restera la Transat l’an prochain. Il faut bien admettre
qu’aujourd’hui le
bateau n’est pas prêt pour ce genre de grande course, les gros
manquants sont
évidemment un pilote automatique digne de ce nom et un jeu de
voile neuf, fiable
et adapté au bateau.
Le programme a donc évolué, plutôt que de faire
cette grande
course dans de mauvaises conditions, je vais tout faire pour
préparer le bateau
parfaitement et partir faire ma longue qualification hors course
(1800km) fin
juillet. Le début du mois d’Aout sera quant à lui tourné vers des
petits
entrainements au départ de La Rochelle, et à la fin du mois
d’août, j’irai en
Méditerranée pour faire une course d’un peu moins de 1 000 km au
départ de la
Grande Motte.
Je compte bien revenir vers vous très vite avec
de bonnes
nouvelles !
A bientôt
12 kts mer plate !
Arthur