dimanche 28 juillet 2013

Transgascogne et Bonne nouvelle !!!


Bonjour à tous,

J’espère que vous allez bien !

Du coté de notre aventure tout va pour le mieux et j’ai une très bonne nouvelle à vous annoncer !
Au début du mois de juillet, alors que la date limite d’inscription à la Transat était imminente, un partenaire nous a rejoint : Transports Delcroix ! Cette société est spécialisée dans le transport de matières dangereuses, de vrac industriel et agroalimentaire.

Grâce à eux nous sommes maintenant certains de participer à la Transat ! Immense soulagement seulement 3 mois avant le départ, et ce même si la route est encore semée d’embuches.

Par ce partenariat nous mettons en commun notre même désir de challenge, d’engagement et de performance afin qu’ensemble nous puissions atteindre nos objectifs et toujours repousser nos limites.
Voici donc la nouvelle décoration du bateau qui porte dorénavant le nom de Delcroix – Mécénat Chirurgie Cardiaque :


Aujourd’hui devait être donné le départ de la Transgascogne, la dernière course au large avant la Transat, au programme : 2 étapes, soit un aller retour au départ de Talmont Saint Hilaire près des Sables d’Olonne  à destination de Luanco un petit port très proche de Gijón.

Mais vu les conditions météo de la nuit prochaine, l’organisation a décidé de repousser le départ à demain en fin de journée.

Cette course est importante car c’est le dernier grand test avant la Transat, l’objectif est de valider tous les derniers systèmes sur le bateau et de cibler les derniers petits détails à travailler.

Afin de suivre cette course en solitaire vous pouvez soit vous rendre sur le site de l’organisation ou vous trouverez également un lien vers la cartographie de suivi en direct des bateaux (709 – Delcroix- Mécénat Chirurgie Cardiaque): http://www.transgascogne.com/

En parallèle des derniers préparatifs, nous continuons la recherche de mécènes et partenaires afin de procéder au plus vite au paiement des créanciers qui ont très gentiment accepté, parfois malgré eux, de retarder leur paiement afin de nous permettre de progresser vers la transat, nous allons donc prochainement relancer une collecte de fond. Evidemment, si vous souhaitez participer vous pouvez des à présent envoyer vos dons à l’adresse de l’association qui figure en bas de ce mail, et ainsi rejoindre la centaine de mécènes déjà présents sur le bateau, n’oubliez pas que chaque don vous donne droit à une réduction d’impôt de 66% du montant du don.

De plus il reste de la place pour des partenaires dans les voiles !

Je vous écrirai le prochain mail d’Espagne afin de vous raconter la première étape de la Transgascogne, départ demain !

A bientôt
Arthur

lundi 1 juillet 2013

Fastnet : entre pétole et surfs inoubliable !


Bonjour à tous !

De retour à La Rochelle je profite d’un petit temps de repos pour vous conter nos récentes aventures en mer celtique (coincée entre l’Irlande, la Grande Bretagne et la Bretagne).
Le départ initialement prévu dimanche dernier a été reporté au lendemain matin suite à un coup de vent accompagné d’une mer très formée, près de 7m de vagues à la pointe de l’Angleterre ! Dans ces conditions, mieux vallait rester tranquillement au port !

Après une dernière nuit à l’hôtel Ty Mad où Armelle et Arnaud nous ont invité une nouvelle fois, papa et moi nous retrouvons sur le bateau à 6h du matin.

A 8h dans un vent de 18 nœuds (30kmh) le départ est lancé, nous sommes sur motivés et prenons un excellent départ, tellement bon que quelques minutes plus tard, le comité annonce que nous avons volé le départ… Oups ! Le demi tour au milieu de la meute des 56 autres bateaux engagés est effectué non sans quelques frayeurs, nous faisons maintenant route à contre sens pour repasser la ligne de départ. Au moment de repartir dans le bon sens, les autres sont déjà loin, mais pas le temps d’être déçus, la route est longue et il faut tout donner dès maintenant pour les rattraper !

Sortie de la baie de Douarnenez sur un bord de près, dans une mer grossissante, puis plus tard il sera temps de virer pour faire le tour de la presqu’ile de Crozon, à ce moment nous tentons une option franchement plus à terre pour nous abriter du courant avec un petit groupe de bateaux déjà rattrapé. Nous avons enfin pu apprécier les qualités des deux nouvelles voiles, la grand voile et le foc, qui nous permettent de rivaliser avec les autres à cette allure et dans cette force de vent, voire d’aller un peu plus vite ! Nous avions le moral, nous l’avons encore plus ! Nous sommes donc en train de slalomer entre les cailloux dans une mer plus calme et un vent légèrement plus faible.

Malheureusement au moment de retrouver les partisans de l’option au large les bénéfices ne sont pas tels qu’espérés, nous avons même reperdu un peu de terrain sur la tête de la course.

Il est maintenant temps d’aborder le passage du Four, un endroit avec beaucoup de courant devant le village du Conquet où nous enchainons les virements pour rester dans une forte veine de courant. Une petite heure plus tard, il est 14 heures, on fait les comptes, ça y est nous avons recollé au groupe de tête en étant à la 11ème place.

La Bretagne disparaît lentement derrière nous au fur et à mesure que nous attaquons la traversée de la Manche, aucune stratégie à mettre en place, tout droit pour tout le monde, il faut seulement aller plus vite que les autres ! Nous continuons à grappiller des mètres, des places !

En début de soirée nous changeons légèrement de trajectoire. Alors que la flotte décide de se laisser glisser franchement vers l’est, nous prenons un cap différent de quelques petits degrés de moins vers l’est. La différence est infime mais nous espérons que sur la durée cela nous permettra de grappiller encore quelques places !

Mardi. Au petit matin la pointe de l’Angleterre se dessine dans une très légère brume. Et avec le jour qui se lève nous apercevons les bateaux qui nous devancent, ils ne sont plus que 4 et beaucoup plus proches que la veille ! Pendant la nuit le vent a changé de direction et les grandes voiles ballon, les spinnakers ont été établis sur tous les bateaux. Nous sommes fatigués mais heureux ! La magie de la course au large opère, nos efforts sont récompensés et le paysage est à couper le souffle !

Afin de profiter au mieux du courant qui nous pousse, nous enchainons les empannages sous les falaises de Land’s End (la pointe le l’Angleterre !) et commençons à sentir que malgré notre application tant sur les manœuvres que sur les trajectoires, les autres creusent légèrement l’écart. C’est après le dernier empannage que nous mettons tous le cap vers le mythique Fastnet. Toujours sous spi dans un vent forcissant, l’écart se creuse à vue d’œil, nous tentons tout ce que nous pouvons pour stopper l’hémorragie, mais il nous apparaît que notre vieux spinnaker ne fait pas le poids face aux autres. Un sentiment de désarroi plane sur notre petit bateau… La voile est un sport mécanique et le matériel a toute son importance. Heureusement les vitesses sont importantes et nous enchainons les surfs à près de 15 nœuds en jouant dans les vagues, le tout dans un brouillard intense qui a fait disparaître tous nos concurrents !

En début d’après midi le vent se calme et change franchement de direction. Commence alors une bataille de nerfs pour garder notre calme et continuer à faire avancer le bateau. Le vent est faible, mais les vagues elles, sont toujours là et ballotent le bateau et les voiles, difficile dans ces conditions de faire avancer le bateau et de rester calme… Quelques heures plus tard cependant, nous commençons à apercevoir nos prédécesseurs sur l’horizon, signe que malgré tout nous les rattrapons. Et en fin d’après midi ils sont franchement plus proches, un tout petit mille marin nous sépare !

A ce moment, une belle bulle sans vent se place sur notre chemin, nous allons y passer une petite heure en regardant les bateaux repartir par devant…….. Décidemment, il va vraiment falloir tout donner jusqu’au bout pour les rejoindre !

Il est largement minuit heure française et la nuit commence seulement à tomber, preuve que nous sommes vraiment très nord. La nuit se passe toujours dans un vent erratique, nous enchainons les quarts afin de nous reposer par alternance. Une lune quasi pleine dans un ciel parfaitement clair nous accompagne, on y voit presque comme en plein jour avec des contrastes complètement différents, en noir et blanc, et quand la mer se calme un peu dans ce vent très faible, on à presque l’impression de voler en laissant derrière nous un sillage coloré par les émissions phosphorescentes des planctons que nous chahutons à notre passage. Chaque minute qui passe est un cadeau ! En voyant passer une étoile filante dans le ciel, je me prends même à imaginer que vu du ciel notre frêle embarcation et son sillage lumineux pourraient aisément ressembler à cette étoile filante.

Incroyable, seulement 4 heures plus tard le jour commence à refaire son apparition ! Le vent en profite pour se renforcer. Aucune voile à l’horizon, mais la vacation radio de 8 heures nous permet de placer les concurrents sur une carte, ils ne sont pas si loin ! Une centaine de kilomètre nous sépare du Fastnet.

Cette journée du mercredi sera assez calme et presque monotone, la bateau avance bien et on profite de nos nouvelles voiles car le comportement du bateau avec ces voiles est vraiment plus sympa, nous essayons un maximum de réglages différents afin d’apprendre à les connaître un peu plus et nous voyons rapidement l’efficacité, ou pas ! On profite également de ces longs bords de près sans manœuvre pour se reposer un maximum et bien qu’il fasse jour, nous enchainons les quarts.

En début d’après midi les 4 concurrents de tête réapparaissent à l’horizon et nous avons l’impression de nous rapprocher doucement ! A ce moment une bascule du vent vers la gauche est attendue, et le vent tourne de quelques degrés dans la bonne direction, nous tentons notre chance en continuant plus de ce coté tandis que les autres ont déjà viré de bord vers le Fastnet. La bascule s’amplifie et nous espérons en profiter pour recoller franchement au groupe. Quoiqu’il arrive il est maintenant tant de virer et de mettre cap vers la cote Irlandaise.

La magie de notre sport s’empare une nouvelle fois de notre bateau ! La cote grossit et laisse apparaître toute sa beauté, les falaises sont déchirées par l’érosion due aux tempêtes qui frappent cet endroit depuis des milliers d’années, la végétation est rase, pas un arbre à l’horizon, les falaises sont immenses au dessus de nous. Nous sommes maintenant si proches que pouvons entrevoir l’autre face de ce paysage, au creux de ces falaises se trouvent de profonds bras de mer dans lesquels on aperçoit des maisons isolées parfois construites dans des endroits assez insolites, des villages, des petits ports, parfois de petites plages, et enfin des arbres qui ont réussi à grandir à l’abri du vent. A ce moment une nageoire de poisson lune apparaît et disparait devant nous, nous sommes ici spectateur d’un endroit où la nature garde tous ses droits ! Et évidemment, bien qu’en course, nous pensons fortement à faire une petite escale touristique pour aller en voir encore plus !


Il faut cependant garder un œil attentif à la course, car nous sommes dans un endroit où le courant est très fort. Le Fastnet est sur notre gauche à une dizaine de kilomètres et il va falloir aller tirer des bords au plus près de la cote pour se cacher le plus possible du courant contraire qui forcit constamment. Les premiers sont en train de passer le mythique rocher et il va nous falloir deux heures trente de plus que le second pour y arriver, eux n’ont pas eu ce fort courant et ont donc amplifié leur avance.




Ces dernières heures ont été émotionnellement intenses, je suis fier d’être ici avec mon papa, et une fois de plus je me dit que ces 7 dernières années passées à me battre pour faire naviguer ce bateau en valaient vraiment la peine. 



20h, nous virons le Fastnet, une petite photo et une grosse pensée pour ces millions de personnes qui ont depuis 500 ans quitté l’Europe pour émigrer aux Amériques, ce phare est la dernière chose qu’ils ont vu de l’Europe, et pour certains comme les passagers du Titanic le dernier bout de terre qu’ils ont vu ! Avant l’avènement du GPS ce phare était aussi un amer très important qui permettait à ceux sur le chemin du retour de préparer l’approche vers l’Europe.



La descente. Nous envoyons le gennaker puis le spi, et rapidement la cote disparaît derrière nous, le vent conserve sa force et les milles défilent en direction de Ouessant notre prochain point de passage, pas loin de 400 km devant nous. La vie à bord est des plus agréables, le bateau est à plat, nous pouvons une nouvelle fois nous reposer. Le soleil laisse place à la lune et la glissade continue sur une mer calme. Pour ce retour vers la France le schéma météo est clair, il va falloir jouer avec le bord de l’anticyclone en positionnant plusieurs empannages. L’objectif : faire le moins de route possible tout en gardant du vent. Le risque : si on se rapproche trop de l’anticyclone, le vent tombe et on peut y rester coincé plusieurs heures. Il faut rester lucide et alerte quelque soit l’heure du jour ou de la nuit, cela fait déjà trois jours que nous sommes partis, la fatigue se fait sentir et le physique commence a être affaiblit. Mon père ne dit rien mais je vois bien que c’est vraiment difficile, je tente mon maximum pour le ménager.

Jeudi, toujours en 5ème position. Pendant la journée le vent se renforce doucement et varie en directions, les manœuvres s’enchainent et nous sommes assez contents de nos trajectoires. Cependant nous gardons dans un coin de notre tête le déficit de vitesse au vent arrière que nous avons constaté l’avant veille. Il faut continuer à tout donner pour ne pas se faire rattraper !
En milieu d’après midi une voile apparaît à l’horizon derrière nous. Au fil des heures elle se rapproche. Nous tentons notre maximum pour enrailler l’inévitable ! En début de soirée elle finit par nous doubler, nous sommes 6ème. À ce moment-là une autre voile apparaît loin sur notre droite elle fait cap sur nous. Heureusement c’est un concurrent qui est passé plus de deux heures avant nous au Fastnet. Nous sommes alors convaincus que malgré notre déficit en vitesse sous spi, nous avons tiré les bons bords qui ont permis de recoller au groupe. Notre groupe de 3 bateaux continue la route de conserve, le vent se renforce de plus en plus pour frôler les 20 nœuds, et les vitesses dépassent souvent les 15 nœuds ! Nous avons le sourire collé au visage !

Les surfs deviennent de plus en plus endiablés, le brouillard tombe sur notre petite armada qui commence à s’étirer, en effet depuis que nous sommes bord à bord la différence de vitesse est claire et nos deux compères prennent la poudre d’escampette !

Juste avant que la nuit tombe complètement sur notre groupe, un cargo de 330 mètres surgit sous nos voiles devant nous, il est à moins de 500 mètres à peu près à la même vitesse que nous, il faut réfléchir vite ! La vision de ce cargo est quelque peu effroyable, car il représente un réel danger pour nous, mais c’est en même temps un instant fantastique. Nous naviguons à haute vitesse passant de vague en vague, dans un épais brouillard nous ne voyons que la partie basse du cargo, le haut étant caché dans le brouillard. Il actionne en permanence sa corne de brume qui résonne autour de nous.

Les deux autres décident de jouer la prudence en ralentissant pour l’un et en changeant de direction pour l’autre. Etant donné notre déficit de vitesse, nous décidons de tenter notre chance en rasant l’arrière du cargo dans des vagues encore plus grosses, le résultat est positif, nous sommes presque repassés devant !

Encore une petite centaine de kilomètres à parcourir et le vent se renforce un peu plus, c‘est littéralement de la folie, nous sommes légèrement au dessus du maximum de la force de vent pour notre configuration de voile, mais refusons de réduire la toile, il faut attaquer, encore attaquer ! Les autres sont repartis par devant et nous ne les verrons plus jusqu'à l’arrivée.

Vendredi. Vers 6h la Pointe du Raz sort du brouillard quelques centaines de mètres sous notre vent, une fois encore nous ne voyons que la partie basse. C’est le dernier bord vers l’arrivée, nous entrons dans la baie de Douarnenez, cela va durer une petite heure, le verdict est proche !

Quelques milles avant de passer la ligne ce bouillard se dissipe et à notre grande surprise, sauf le premier, les 4 autres sont justes devant nous à moins de 30 minutes. Le classement ne sera pas très bon mais l’écart en temps sera faible. Nous passons la ligne 25 minutes après le second tandis qu’au Fastnet plus de 2h30 nous séparaient !

17h30, ravis et fiers ! Le potentiel du bateau est clair, les instants vécus sont intenses et inoubliables !

J’ai déjà hâte d’y retourner !