mercredi 28 juillet 2010

Un mois de navigation, de réglages, de réussites, et de pur bonheur !


A mes côtés, mon petit frère regarde un dessin animé, mon chien respire tranquillement sous mes jambes pendant que le chat joue avec sa queue : me voilà de retour au bercail. Il est temps de dresser un petit bilan de ce Tour de France à la Voile 2010.

Il y a 6 mois Quentin me téléphone, il me propose de réintégrer une équipe que j’avais un peu créée il y a une dizaine d’années. A l’époque j’avais besoin d’équipiers et ils avaient accepté ! Cette fois ce sont eux qui ont besoin de moi, impossible de refuser ! Le week-end suivant je suis donc à bord du Farr 30 du Team SOG – SAFRAN. Commence alors une longue série de week-ends d’entraînements au cours desquels nous allons mettre en place tous les automatismes d’une véritable équipe. Les instants passés à la Trinité, en mer ou à terre, logé chez l’un ou l’autre de mes amis, ceux avec lesquels j’ai grandi, sont magiques. L’esprit de notre équipe est resté le même, l’amitié au service de la performance sur l’eau.

Les régates d’avant saison prouvent que nous sommes dans le coup et fixent le travail qu’il nous reste à accomplir.

Vient alors le grand jour. L’équipe a déjà mâté et mis le bateau à l’eau lorsque j’arrive à Dunkerque, nous sommes fin prêts, les organisateurs nous félicitent déjà sur notre organisation. Puis le matin du 26 juin la VHF crache ces quelques mots : « Dans 10 minutes envoi du pavillon orange pour la manche Une du Tour de France à la Voile ». Le départ se passe bien, nos manœuvres se déroulent sans embûches, la vitesse est là… Résultat, une 4ème place. Tous nos espoirs sont satisfaits et nos efforts récompensés, nous sommes capables de faire une belle place. Bien sûr il reste encore beaucoup de miles, mais c’est un bon début. Les manches des jours suivants sont toutes aussi bonnes, nous voilà sur un petit nuage, conscients malgré tout que nous pouvons dégringoler de ce petit nuage d’un moment à l’autre. Le Tour commence bien, nous brillons et grâce à Nico (Lunven), nous continuons à progresser, un grand merci !

En plus de notre réussite sur l’eau l’ambiance à terre est excellente, et la prise en charge de la logistique terrestre par Paul et Martin nous permet de rester concentrés sur la navigation et de profiter de chaque moment pour nous reposer ou faire du sport (foot quotidien !).

Grâce à nos excellents résultats, nous passons quelques jours à la seconde place du classement général, l’occasion pour nous de rassembler les médias vers le Team SOG SAFRAN et de nous faire connaître.

Le Tour avance et les villes défilent, il est temps maintenant de partir pour les plus longues courses, une grande découverte pour nous, et là nous faisons face à notre plus gros défaut, le manque d’expérience : la fatigue se fait sentir. Pendant le tour du Cotentin, nous passons le début de la course dans le groupe de tête, puis perdons des places pendant la nuit, heureusement une fois le jour revenu notre motivation nous permet de regagner quelques places, mais un coup de malchance au passage d’une très forte veine de courant nous fait perdre tout notre avantage… nous faisons un très mauvais résultat sur une course de coefficient 3. Le surlendemain nous repartons pour une autre grande course, le tour de Bretagne. Le vent est absent, les routages font peur. Mais il faut y aller et tout donner. Les heures sont longues et la progression infime, après plus de 24 heures dans la pétole nous commençons à perdre patience, l’impression de hasard se fait de plus en plus pesante. Le vent fini par rentrer mais l’avant de la flotte le touche en premier, nous les regardons partir avec désarroi. Le vent remonte pour nous à la pointe Bretagne et nous stimule à nouveau alors que le soleil se couche, tout est en place pour ramarrer la flotte, mais à la sortie du chenal du Four, le pointage officiel nous plombe, 21ème, une dernière molle de vent s’abat sur nous, tout espoir de retour s’envole. L’arrivée dans nos eaux bretonnes est assez amère.

Il va falloir se reprendre en main ! Le départ de Nico pour le Figaro et l’arrivée d’Antoine Koch est l’occasion de se donner un nouveau départ. Et quel départ ! Lors du ralliement Lorient – Talmont, après avoir passé la première marque en 7ème position, la nuit nous remontons des places et distançons le paquet, jusqu'à les voir tous dans notre tableau arrière assez loin, cette nuit a été dure dans un vent faible et très oscillant mais notre motivation a été sans faille. Hélas au petit matin le vent est revenu par l’arrière et ils repassent tous par le large… Mais nous ne regrettons rien, notre nuit a été éprouvante, mais quel plaisir de distancer tout le monde dans des conditions aussi difficiles. Il faut persévérer !

Et nous persistons lors du ralliement pour Royan. Le vent est à nouveau faible et oscillant en fin de nuit, nous sommes alors 5ème, puis le vent rentre par l’arrière et permet à une bonne partie de la flotte de nous repasser. Mais cette fois-ci non, cela ne va pas recommencer ! Nous remontons les bateaux un à un, et passons la ligne en troisième position. Ca y est, nous l’avons fait, cette 3ème place est ma plus belle place. La persévérance et l’acharnement ont payé. Le lendemain nous gagnons une manche dans des conditions de mer, de courants et de vents difficiles, décidemment Royan nous aime !

Le Team SOG – SAFRAN se rapproche de la place de leader au classement Etudiant, et revient dans les 10 au classement Général. Génial !

La partie Atlantique de ce Tour est bouclée, après tant d’heures au rappel, tant de virements ou empannages, tant de risées ou de molles, les souvenirs se mélangent, mais le bonheur est là, nous faisons ce que nous aimons et nous le faisons bien, pour notre plus grand plaisir, mais aussi pour le vôtre !

La Méditerranée s’annonce aussi tenace que l’Atlantique, même si nous commençons par deux jours idylliques à Port Camargue où nous régatons en t-shirt, et où la poudre parle une fois de plus, le Team SOG – SAFRAN reprend la tête pour ne plus la lâcher jusqu’à la Seyne sur mer !

Le ralliement vers Marseille se passe à merveille, nous prenons un bon départ et grappillons des places jusqu'à nous retrouver en tête à quelques centaines de mètres de l’arrivée, les locaux nous repassent finalement à quelques encablures de la ligne. Sauvant ainsi l’honneur d’un de nos plus grands fans, qui avait promis une danse, dénudé, si nous gagnions ce ralliement…

Je profite alors de mon jour de repos dans la cité phocéenne, pendant que les autres s’évertuent à grignoter des places sur l’eau, ce qu’ils ont fait superbement.

Vient alors un moment magique, le ralliement vers la Seyne sur mer, un fort mistral est annoncé, le départ est lancé, les chevaux sont lâchés, le vent passe les 20 nœuds, premiers surfs, les miles défilent, l’anémo s’affole, 30 nœuds, puis 35 nœuds dans les claques, les spis se déchirent, les sorties de route se multiplient autour de nous, nous décidons prudemment de réduire la toile avant de casser, rapidement après le changement de spi nous croisons "Dunkerque", un des leaders, démâté, nous avons fait le bon choix.

Un second bateau avait aussi démâté auparavant, les voiles déchirées se comptent en pagaille, le comité de course décide d’annuler la course, sage décision, nous étions alors en 5ème position…

Le dernier jour de course à la Seyne est assez moyen en terme de résultats, mais nous conservons notre excellente place au classement. 1er Etudiant et 8ème au Général, du bonheur à l’état pur.

Première participation au Tour de France, auréolés d’une victoire et félicités par les pros qui nous devancent et fiers de ce qui a été accompli, les mots nous manquent pour tout décrire, mais le résultat est là.

Un grand merci à tous ceux qui nous ont aidés, en particulier à Marco et à SAFRAN sans lesquels cette aventure n’aurait jamais eu lieu.

Je n’oublie pas non plus ceux qui ont participé un peu ou beaucoup, de près ou de loin, vous faites partie de l’équipe, vous aviez votre place sur le podium à la Seyne, ou encore à l’arrivée magique au port de Marseille au petit matin lorsque toutes les équipes à terre nous ont applaudis.

Et merci à tous ceux qui nous ont encouragés et suivis pendant ce mois, j’espère que nous aurons encore beaucoup d’occasions de vous faire rêver !

A bientôt

Arthur