Bonjour à tous,
Jeudi soir à Plymouth. Je profite
d'un ordinateur que l'on me prête pour vous écrire ce récit de notre belle
course- La Trinité-Plymouth - où je faisais équipe avec mon
papa.
Dimanche matin, après un bon
petit déjeuner et un dernier briefing à La Trinité sur mer
nous sortons du port pour aller dans une des plus belles baies du monde, la
baie de Quiberon ! Berceau de mon enfance où j’ai étrenné mes combinaisons et
cirés, je suis ravi !
A 11h précises le départ est
donné d, contrairement au départ de régates traditionnelles, la ligne de départ
est mouillée travers au vent en direction de la sortie de la baie et le célèbre
phare de la Teignouse. Nous partons dans un vent très faible à quasiment
absent ! Malgré ça nous sommes très déterminés et concentrés et sommes
tout de suite dans le paquet de tête. Le vent étant très faible notre
progression est très lente. Une bonne heure après le départ, nous sentons une rotation
du vent avant les autres ce qui nous permet de prendre un avantage décisif
d'une grosse centaine de mètres. Nos concurrents sont maintenant dans notre axe
derrière, cependant rien n'est joué car le vent reste faible et plus nous nous
approchons du fameux phare de La Teignouse, plus le courant contraire est fort.
L'écart se réduit à vue d'œil tandis que nous butons dans le courant, les
derniers mètres sont très stressants car l'écart s'est réduit à une dizaine de
mètres avec nos poursuivants directs et à peine plus avec le reste de la flotte
! Nous réussissons quand même à rentrer dans le chenal de la sortie de la
baie de Quiberon en tête, chenal que le parcours nous impose de suivre et dont
nous sortirons également en tête !
La prochaine marque de parcours
officielle est maintenant la ligne d'arrivée dans la baie de Plymouth, nous
sommes désormais totalement libres de notre stratégie,
en oubliant évidemment pas qu'il faut faire le tour de la Bretagne !
Nous tournons donc tous à droite
en sortant de la baie, et les premiers choix stratégiques se dessinent
doucement dans un vent erratique ! Nous remettons le cap vers la
côte en glissant lentement entre l'ile de Groix et le continent, l’objectif est
d'aller un peu plus vite que les autres concurrents grâce à un meilleur angle
par rapport au vent, aller au plus vite vers une bascule du vent vers la droite
qui nous permettrai de prendre un avantage important.
La flotte se scinde en deux,
l'autre partie est passée à l'extérieur de l'ile de Groix.
Un peu avant le coucher de
soleil, nous tirons des bords contre le vent le long de la côte entre Lorient
et Bénodet. Toujours en tête nous avons même amplifié notre avance à près de
2km sur nos deux poursuivants les plus proches, Louis Segré et Giancarlo
Pedote.
La fatigue commence déjà à se
faire sentir, cela fait déjà de nombreuses heures que nous sommes concentrés
sur la marche du bateau. Heureusement le résultat est là : une avance non
négligeable et un moral au plus haut malgré le stress inhérent
à ces conditions de vent très faible. En effet, on est jamais à
l'abri d'une zone de vent plus faible que les autres et de rester bloqué à
regarder les autres concurrents nous doubler, jusqu'à présent nous
les avons toutes évitées et c'est tant mieux !
A l’approche des iles de Glénan
un nouveau choix stratégique important va devoir être fait : passer à
l'intérieur ? à l'extérieur ? ou dans les Glénan ? Après de
nombreuses réflexions basées sur les météos prisent avant
le départ, les observations faites durant les dernières heures et la position
des concurrents, nous décidons de partir au large à l'extérieur de
l’archipel.
Il fait maintenant nuit et le
vent qui avait légèrement augmenté avant le coucher du soleil redevient faible
à inexistant vers minuit... Il ne faut rien lâcher et se
battre pour chaque mètre gagné sur la route ! Notre vitesse est
souvent inférieure à 2km/h. Evidemment nous prions pour que les autres n'aient
pas plus de vent que nous, cette phase sans vent était annoncée et va durer
environ six heures.
Au petit matin cela fait 24h que
nous n'avons pas dormi et nous avons presque fini de franchir les Glénan. La
nuit à été très noire et nous ne savons pas du tout où sont passés
nos concurrents ! La tension monte à
chaque instant. Vers 9h nous apercevons deux voiles à l'horizon par notre
travers qui semblent revenir de l'intérieur des Glénan, elles sont pour le
moment trop loin pour que l'on puisse les reconnaitre...
Une bonne heure plus tard nous
savons maintenant que ces deux voiles sont celles de deux bateaux de série
censés être moins rapides que nous. Notre déception est
grande, si ils sont là cela signifie à nos yeux que nos deux concurrents
directs ont encore plus progressé par rapport à nous et qu'ils sont tellement
loin devant que nous ne pouvons les voir... La déception est énorme après avoir
donné tant d'énergie pendant la nuit. Après 10 bonnes minutes à nous dire
« On aurait du faire ci… ne pas faire ça… » nous reprenons du poil de
la bête et donnons tout pour les rattraper !
Les voiles qui nous accompagnent
sont toujours légèrement à notre vent et nous arrivons assez rapidement à les
distancer au passage de la pointe de Penmarc'h. Le vent à augmenté depuis le
lever du soleil et nous avançons assez vite, portés par nos spinakers.
A l’entrée de la baie d'Audierne,
avec en ligne de mire la haute côte du sud de la Pointe du Raz, nous continuons
à distancer les poursuivants mais ne voyons toujours pas les précédents. Le raz
de Sein est passé avec le courant favorable, nous approchons maintenant le
chenal du four entre le Conquet et l'ile de Beniguet.
C’est à ce moment que
l'organisation nous impose de contacter le sémaphore le plus
proche afin de leur dire que tout va bien à bord avant de traverser la Manche.
Nous profitons de cet appel pour demander combien de bateaux sont passés avant
nous. Nous sommes en milieu d'après-midi et cela fait quelques heures que nous
donnons le meilleur de nous-mêmes pour rattraper nos invisibles prédécesseurs.
Malgré la motivation un sentiment d'amertume plane sur notre fier navire depuis
le lever du jour. Le sémaphore nous annonce alors que nous sommes le 1er bateau à
passer ! C'est l'explosion de joie à bord !
Finalement tous nos efforts ont payé !
Malheureusement nous sommes
maintenant face à un courant fort dans un vent toujours faible, et nous
n'arrivons pas à franchir ce passage à niveau. Les minutes se transforment en
heures, et la moitié de la flotte nous a rejoint, même si nous gardons quelques
longueurs d'avance, ils sont tous là et quand le courant va enfin faiblir pour
nous laisser passer, ils seront tous sur nos talons. Un nouveau départ en
perspective.
Un peu avant la nuit, le courant
faibli et la flotte s'élance lentement à travers la Manche, des options se
dessinent rapidement, certains restent sur l'axe de la route tandis que nous
décidons de partir vers l'ouest pour aller chercher un vent plus fort.
La nuit avance et en effet, le
vent se renforce doucement alors que nous approchons le rail des cargos qui
rentrent et sortent de la Manche. Nous décidons alors de repartir sur la route
directe tandis que notre concurrent le plus proche, Giancarlo Pedote, décide de
continuer vers l'ouest. La nuit passe dans un vent de plus en plus fort
atteignant maintenant les 40 km/h, le compteur s'affole et nous sommes
souvent à près de 30km/h. Le plaisir est intense,
mais je suis stressé car avec ce vent fort nos vieilles voiles risquent
de rompre à tout moment...
Malheureusement lors d'un surf à
haute vitesse nous heurtons un gros poisson ou un petit cétacé, qui stoppe
net notre élan, il heurte d'abord la quille puis un safran qui remonte
brusquement en cassant légèrement son ancrage. J'ai tout juste le temps de me
retourner et de voir une sorte de marre de sang dans le sillage. Nous perdons alors
une grosse dizaine de minutes le temps de reprendre nos esprits et de vérifier
que tout va bien à bord... Pendant ce temps là évidemment les concurrents
continuent leur folle cavalcade et engrangent les milles.
La chevauché repart et les
vitesses sont toujours aussi importantes. Un peu plus tard le câble qui
retient le mat vers l'arrière se rompt, probablement affaiblit par le choc survenu
plus tôt, nous reperdons une dizaine de minutes à réparer, bien contents de ne
pas avoir perdu le mat ! Nous repartons mais la série noire continue et une
poulie qui permet d'incliner la quille casse, probablement elle aussi affaiblie par
le choc.
Nous venons de perdre 3 fois 10
bonnes minutes qui, quand les autres bateaux avancent à de telles vitesses,
nous coûtent facilement une quinzaine de kilomètres par rapport à eux.
Nous repartons une nouvelle fois,
mais le vent change de direction et nous sommes obligés de ranger notre spi et
repartir au près vers Plymouth. Dans ces conditions notre grand voile se montre
sous son plus mauvais angle, à cause de sa vieillesse elle se déforme fortement
et handicape notre vitesse. Nous savons que dans ces
conditions nos concurrents sont plus rapides. Et à l'approche du phare
d'Eddystone marquant l'entrée de la grande baie de Plymouth, nous apercevons 3
bateaux, deux devant nous et un derrière, nous finirons donc sur une amère 3ème place.
Nous nous consolons en nous
disant que malgré nos problèmes techniques ce matin nous avons fait une très
belle course, montrant que bien que nos voiles soient vieilles nous sommes
capables de tenir tête aux meilleurs !
Nous avons évidemment hâte de
revenir avec de nouvelles voiles ! Mais pour cela je suis toujours à la
recherche de mécènes et partenaires pour participer au financement de voiles
neuves ! Si vous souhaitez nous aider à briller lors des prochaines courses
n'hésitez pas à visiter la page http://fr.ulule.com/6m50,
vous pouvez participer dès 20 € et rejoindre les 90 mécènes qui ont déjà
participé ! Rappel : tous les dons donnent droit à une réduction d'impôt de 66%
du don, un don de 20€ revient à 6€70 !!!
Il ne reste que quelques jours
pour dépasser les 2 000 € minimum pour débuter la construction de la nouvelle
grand voile afin d'être dans les temps pour participer aux prochaines courses !
N'hésitez pas, un petit geste peut nous faire traverser l'Atlantique !
Je suis évidemment à votre
disposition si vous avez des questions, et je serai même ravi d'y répondre ! A
très bientôt !
Arthur