samedi 25 août 2012

Quand la victoire s'invite ...

Bonjour à tous !
Ca y est, première victoire ! Ca fait du bien, la course a été éprouvante bien que dans des vents très faibles.
Merci à tous pour vos messages ! Ça me touche énormément ! C'est l'aboutissement de 5 longues années difficiles. Un grand merci à tous ceux qui m'ont aidé et qui continue à le faire ! Je compte bien continuer à vous emmener avec moi !

Tout au long de la semaine vous aurez des photos et des petites vidéos que j'ai pu prendre pour vous faire partager la vie à bord !

Et bien sur dans quelques jours un petit compte rendu de la course !

Ce soir on reprend la route direction la Rochelle.

Un merci tout particulier à mon shore team : Malgosia & Baikal !

mpressions avant le départ : 

I

dimanche 12 août 2012

Qualif solo hors course !


Bonjour à tous,
Comme promis, retour sur les 5 jours passés en mer la semaine dernière.
Afin de me qualifier pour la Mini Transat, il me faut effectuer un parcours imposé en solitaire dont la route fait 1 000 Milles, soit 1852 Km. Ce parcours consiste en un aller-retour entre l’ile de Ré et une bouée de Coninberg le long de la côte Irlandaise.

Le samedi 21 juillet, comme tous les jours, j’épluche les fichiers météos afin de trouver une fenêtre météo bénéfique pour faire ce parcours, il semblerait qu’un départ lundi matin serait parfait et me permettrait de naviguer assez rapidement et dans des conditions variées. Le compte à rebours est lancé : approvisionnement du bateau, nettoyage de la carène, dernières vérifications.
Le lundi matin, nous nous levons aux aurores et aidé de mon amie nous allons gréer les voiles sur le bateau. Vers 9h30, nous faisons un dernier briefing météo avec mon coach (Jean Saucet). Et à 10h30 après un au revoir en règle, je quitte le ponton. C’est parti pour quelques jours de solitude.
Tout se passe à merveille, le ciel est magnifique et c’est sous spi que je débute ma route.
Je longe le sud de l’ile de Ré en direction du plateau de Rochebonne, un haut fond rocheux qui se situe à une cinquantaine de milles au large, passage obligé de mon parcours. Sur ce premier tronçon, le vent est assez changeant, tant en force qu’en direction, et j’enchaine déjà quelques changements de voiles, c’est du sport mais ça me plait. C’est un excellent entrainement en conditions ! En fin d’après-midi, je passe le plateau de Rochebonne, beaucoup de pécheurs sont présents et il faut être assez prudent afin de ne pas faire un mauvaise rencontre !

Direction la pointe de la Bretagne maintenant, la nuit est assez calme, et même si le vent n’est pas très fort, il nous propulse à bonne vitesse et nous permet d’être en Bretagne dès le matin. N’étant pas en course, j’ai pas mal dormi pendant la nuit, j’en profite pour faire fonctionner le nouveau pilote automatique au maximum afin de bien apprendre à m’en servir. N’allez pas non plus croire que j’ai roupillé toute la nuit mais j’ai réussi à faire plusieurs siestes de 25 minutes ! Cette nuit à d’ailleurs été assez magique avec un ciel tapissé d’étoiles très lumineuses et d’un très grand nombre d’étoiles filantes. En plus à deux reprises des groupes de dauphins sont venus nager sous le bateau, enveloppé d’une robe de plancton phosphorescent.
Mardi. Le vent tourne légèrement le matin et le spi est de retour.
Mais en milieu de journée le vent tombe complètement et cela restera comme ça une bonne partie de l’après midi. Je prends mon mal en patience et tente d’exploiter le moindre petit souffle. Rien n’y fait : je suis collé ! Après les premières heures de navigation qui m’ont permis de faire une bonne moyenne, c’est un peu frustrant !
En fin de journée, j’ai un petit coup de blues, ça y est je suis dans le grand bain de la navigation en solitaire ! J’ai beau être près de la côte, je suis assez seul, aucun bateau en vue, mes proches sont à terre, ils s’inquiètent probablement pour moi et je m’inquiète pour eux. Contrairement aux courses du programme, la qualif - comme la Mini Transat - nous met dans des situations où nous n’avons personne à qui parler pendant plusieurs jours. Ces situations, bien qu’un peu difficiles, sont intéressantes et permettent parfois de revenir à l’essentiel, c’est important de le réaliser car au milieu de l’Atlantique il n’y aura plus grand monde pour nous aider. Et il faut bien peser chaque action, chaque mouvement car les erreurs peuvent coûter très cher.
Au plus fort de la pétole, à une cinquantaine de mètres du bateau, je vois passer un aileron et une nageoire de requin, il doit bien faire 1m50, c’est la première fois que j’en vois un chez nous, je suis un peu surpris !
Le vent revient et avec lui ma bonne humeur ! Nous passons finalement la pointe de la Bretagne entre l’ile d’Ouessant et les rails des cargos au large, notre route nous emmène plein nord avant de bifurquer au nord-ouest pour éviter justement le goulet du trafic des cargos.
Mercredi. Au petit matin la valse des cargos commence. C’est toujours impressionnant de croiser ces mastodontes des mers, mais ici encore il faut faire bien attention car lancés à pleine vitesse ils sont très peu maniables et il leur serait bien difficile de nous éviter !

Le reste de la journée se passe bien, le vent reste consistant et nous avançons vite sur la route vers la pointe de l’Angleterre. En fin d’après midi, j’ai l’impression de voir un grand spi bien rond à l’horizon, je me dis que c’est peut être un Mini, peut-être lui aussi en qualif ? Et c’est bien ça, mon impression se confirme, je tente un appel VHF et là un fort accent espagnol me répond ! C’est le Mini 435 qui est lui aussi en qualif, nous échangeons quelques mots sans changer notre route, c’est une rencontre très sympa !
En m’approchant de l’Angleterre, j’aperçois un nuage assez bas sur l’eau, et plus je m’approche plus ça se précise, c’est quelque chose que je connais bien après mes quelques années d’études au Royaume-Uni, le FOG ! En un instant, je suis submergé, la température perd facilement 10°, le vent monte facilement de 10 Kts, le ciré est de sortie et je prend mon premier ris dans la grand-voile depuis le départ ! Pour ajouter un peu plus à l’ambiance on ne voit pas à 100m et un cargo en route de collision est signalé par l’AIS (transpondeur qui permet de savoir où sont les bateaux équipés autour de nous). Après une bonne trentaine de minutes comme ça, le vent tourne et je vire en direction du phare de Wolfrock. Finalement un peu avant le coucher du soleil, je sors du fog, pour assister justement à un très beau coucher de soleil. Avec la nuit qui tombe, le vent tombe aussi, je fini par me retrouver dans la pétole une fois encore, avec la côte anglaise en vue, le tout face au courant, nous passons donc une bonne heure à reculer doucement… Mais le vent revient finalement vers minuit française.
Jeudi. A l’aube nous avons largement dépassé les côtes anglaises.
Vers 8h, alors que je faisais une petite sieste, mon AIS me réveille, il indique un voilier en route opposé, je sors la tête et aperçois au loin une voile, il y a une quinzaine de nœuds de vent et c’est une voile de Mini qui se dessine à l’horizon, le 635, une fois encore je tente un appel vhf, je comprends que l’autre skipper tente de répondre, mais sa vhf semble cassée, sa réponse est inaudible.

Pendant la matinée, le vend monte tranquillement, nous sommes au près et vers 10h, j’ai pris un ris dans la grand voile, à ce moment-là, la gaine de la drisse (corde qui permet d’hisser la voile) de grand-voile s’est rompue, le résultat est que je ne peux pas réduire plus la voile ni la re-hisser. Vu les conditions, je ne suis pas trop inquiet, il n’est pas prévu que le vent monte plus, je compte bien aller jusqu’en Irlande comme ça. Mais dans les minutes qui suivent, le vent forcit clairement, je réduis la taille de mon solent (voile d’avant), mais il est clair au bout d’un moment que je suis surtoilé. La mer en a également profité pour grossir, et c’est devenu la guerre ! Au début je m’accroche à la barre, pour tenter de garder le cap, le pilote étant un peu débordé par le fait que nous soyons surtoilé. Il me faut me rendre à l’évidence, cela devient un peu trop chaud, je suis en qualif et je fini par penser que le risque n’en vaut pas trop la chandelle, ma grand-voile est assez vieille, elle s’est déjà déchirée deux fois, et je ne suis pas certain qu’elle résiste à ça…
Je fais donc demi-tour à 80 milles du but.
Le retour s’annonce express, j’envoie rapidement le spi médium et commence une cavalcade à plus de 12 kts. J’espère seulement que le reste de la drisse va tenir jusqu’à la Rochelle afin de valider un maximum de Milles. En milieu d’après-midi, je suis déjà en vue de la côte anglaise. Une fois passée, le vent diminue encore, jusqu'à la pétole au même endroit que la veille, c’est une manie ! Dans la pétole, je croise le monocoque d’Alex Thompson, Hugo Boss, qui vient à l’instant de battre le record de l’Atlantique ! Well done Dude !
Le vent finit par remonter franchement et me permet d’avaler la traversée de la Manche, dans la soirée.
Vendredi. Vers 2h du matin, alors que le bateau fonce à un peu plus de 10 kts dans la nuit noire, la quille du bateau se prend dans quelques choses, casier, filet ou autre, bref, le bateau fait un vrac monumental, je me retrouve avec le spi dans l’eau, le bateau ne se remet pas droit, je finis par lâcher la drisse. Je me bats pendant près de 30 minutes pour remonter le spi et me dégager de ce qu’il y avait dans la quille. Je suis rincé et n’ai pas le courage de renvoyer le spi, je pars faire la sieste !
Aux premières lueurs du jour le vent à un peu faiblit, j’ai repris mes esprits et renvoie donc le spi.
Nous sommes en direction de la chaussée de Sein, une bouée dans l’axe de la pointe du Raz qui permet d’éviter tous les rochers. Le vent se renforce franchement et les vitesses s’affolent, pointes à 15 kts. C’est pour ces moment- là qu’on fait du Mini !!!
A l’approche de la bouée, j’affale le spi pour pouvoir manœuvrer plus sereinement et là, suprise, j’ai rattrapé le 635 ! Nous allons passer ensemble la bouée. A ce moment, le vent a encore forci, je décide de ne pas renvoyer le spi, les vagues sont très fortes et nous surfons parfois à plus de 16 kts…
En ce début de matinée, le vent est redescendu à 25 kts, je renvoei le spi et, bien que le vent soit moins fort, je vais encore plus vite ! J’enregistre une pointe à 18 kts sur le speedo, et 17,5 sur le gps ! C’est en cette fin de matinée que le vent fini par mollir et j’en profite pour faire plusieurs bonnes sieste. Et je fais bien car en fin de journée le vent repart de plus belle, avec de belles vagues, peut-être 3 mètres, au début sous spi, puis la voie de la raison me conseille d’affaler et de continuer sans spi, avec des vitesses ici encore ahurissantes.
L’arrivée est prévue pour le lendemain matin. Je suis bien en mer, je suis sur mon bateau comme sur un petit nuage et je ferais bien quelques milles de plus ! A l’approche de l’ile d’Yeu le vent a encore molli, la nuit est très noire, seul le phare de l’ile au loin illumine les voiles par intermittence.
Pour finir notre voyage le vent revient fort, je prends la barre et commence une nouvelle cavalcade sur une mer parfaitement plate ici encore à près de 14 kts. Et ça ne s’arrêtera pas jusqu'à l’arrivée sous le pont de Ré vers 9h30 avec comme seul bémol la rencontre avec un très gros paquet d’algues qui m’a forcé a affaler le spi et à faire une marche arrière pour m’en dégager.
Vers 10h30, je pose le pied à terre, ma chérie et Anne Phellipon de Navigatlantique sont là pour m’accueillir ! Je serai bien resté encore en mer, mais je suis ravi de revenir sur le plancher des vaches ;-)
En bref, j’ai une nouvelle fois passé des moments merveilleux sur l’eau !
Merci encore à tous ceux qui soutiennent ce projet !
Arthur