lundi 17 septembre 2012

Challenge Mini à la Rochelle !

Ce weekend se courrait le Challenge Mini à la Rochelle, l’occasion pour le Mini 709 et son skipper (ma pomme !) de faire notre retour en Atlantique ! Pour l’occasion j’étais accompagné de mon père, et de Louis-Marie Billot !

Vendredi mati
n : briefing des équipages avant un départ sur l’eau vers midi. Le vent est établi, ce qui va permettre au comité de lancer deux parcours.
Nous commençons d’abord par un parcours banane parfaitement mis en place par le comité de course aidé de notre entraineur Jean Saucet.
Avant le départ nous mettons en place une stratégie en fonction des prévisions météo et des cartes de courants de la zone. Après une erreur de timing qui nous a fait partir une minute trop tôt nous revenons à temps sur la ligne pour prendre cette fois-ci un bon départ qui nous place dans le groupe de tête dès le début. Rapidement notre drisse de foc casse, on ne se décourage pas, on répare quasi instantanément pour repartir de plus belle. Toujours au contact, bien qu’un peu en retrait sur les leaders nous parvenons à dérouler notre stratégie comme prévu et redoublons tout le monde. Suivis de près par le 719 de Nicolas Boidevezi, récent vainqueur de la deuxième étape de la course les Sables – les Acores, nous passons la première bouée en tête.

Une petite erreur de manœuvre lors d’un empannage sous spi permettra au 719 de nous doubler. Bien décidés à ne rien lâcher, nous donnons notre maximum pendant la remontée au près et repassons devant sur la fin du bord, conservant cette place jusqu'à la ligne d’arrivée. Je suis sur un petit nuage !!!

Dans la foulée, le comité lance un parcours côtier qui nous fera passer sous le pont de l’ile de Ré. Cette fois-ci notre départ n’est pas si bon, et nous ne nous appliquons pas à respecter la stratégie décidée avant le départ (pour des raisons diverses et variées, en bateau on n’arrive pas toujours à faire ce qu’on veut…). C’est une belle erreur qui nous coûtera un retard conséquent sur les quatre premiers. Le reste de la course nous ne ferons que rattraper notre retard en doublant et récupérant la place du quatrième et finissant sur les talons des leaders. Le classement n’est pas à la hauteur de nos espérances, mais ravis d’avoir réussi à recoller aux autres, nous sommes finalement en tête au classement général à l’issue de cette première journée !

Le lendemain samedi, nous partons naviguer à la même heure. Cette fois-ci le comité de course décide de nous envoyer sur un seul parcours côtier. Le vent est assez léger et nous ratons complètement notre départ, au point de se retrouver en queue de course. Ici encore nous gardons le moral sachant que sur un long parcours il ne faut rien lâcher ! Malheureusement il s’avère que les choix tactiques seront très limités et que la plupart du parcours se fera sur des lignes droites où nous ne pouvons que nous concentrer sur les réglages. Après deux heures de course nous avons grignoté des mètres et des places et finissons 5ème. Evidemment déçu mais aujourd’hui encore j’ai appris énormément sur les capacités de mon bateau, et cela vaut bien quelques désillusions ;-)

Aujourd’hui dimanche, nous partons sur l’eau aux aurores, le vent est faible et assez instable, le comité lance rapidement une banane pour profiter de ce vent qui risque à tout moment de s’effondrer. Après avoir pris un excellent départ qui nous donne directement quelques longueurs d’avance, nous nous appliquons ensuite à amplifier cette avance qui sera de près d’une centaine de mètres à la fin du premier bord de portant. La pression est palpable, si nous gagnons cette manche nous gagnons la course !

Le vent est de plus en plus faible, mais grâce à la légèreté de nos bateaux nous avançons tous quasiment à la vitesse du vent, il faut rester calme !

Coup de théâtre, le comité de course, probablement habitué à des embarcations plus lourdes et moins véloces, pense que nous ne pourrons finir la course et l’annule simplement ! Tandis que nous avançons encore à un peu plus de 3 nœuds, tous nos espoirs de victoire viennent de s’envoler…

C’est donc avec un sentiment d’amertume que nous finissons ce week-end, sur la plus basse marche du podium.

lundi 3 septembre 2012

Un Tour de Grand 8 à bord de Barra ….


Bonjour à tous,

(N'hésitez pas à cliquer sur les images pour les agrandir !) 

De retour dans la fraicheur Rochelaise, je vous livre un petit récit de nos aventures méditerranéennes !



Lundi 13 août au soir : notre petite équipe quitte la Rochelle pour la Grande Motte, 700 kms de nuit à petite vitesse. Pour ce séjour dans le sud, je suis accompagné de Malgosia.

Mardi  : nous arrivons vers 6h du matin et la préparation du bateau commence après une petite sieste. La mise à l’eau est prévue pour l’après midi.
Photo : Malgosia Felisiak

Mercredi et jeudi  : Nous finissons la préparation du bateau.
Photo : Malgosia Felisiak

Vendredi  : Les contrôles de sécurité se passent sans embuches et nous pouvons faire une petite navigation de vérification l’après midi. Tout va pour le mieux !

Le samedi est une journée de repos et nous en profitons pour aller visiter la cité d’Aigues-Mortes et le centre de Montpellier.



Dimanche 19 : Le départ 


8h : briefing météo de l’organisation, Guillaume le directeur de course nous annonce de la pétole, beaucoup de pétole, mais il est confiant, nous finirons tous la course dans les temps !

Photo : Malgosia Felisiak
11h : l’heure prévue du départ, le vent est totalement absent. C’est une heure plus tard que le vent daignera se lever et le comité enverra rapidement.

Photo : Guillaume Rottée

Nous partons directement au près vers notre première marque de parcours qui se trouve 45 Milles plus loin devant Gruissan. Je prends un très bon départ en bout de ligne, ce qui me permet dès le début de me placer en tête mais légèrement plus au large que la majorité des concurrents, seul le 624 - sistership de mon bateau - se décale un peu plus. Commence alors un long bord de près qui nous fait longer la côte au gré des adonantes et refusantes. Quelques instants plus tard, je remarque qu’un bateau à la côte bénéficie soit d’un vent plus intéressant, soit il est très rapide dans ces petits airs. C’est le numéro 240, Sampaquita, skippé par l’espagnol Didac Costa. Je m’acharne sur les réglages et la conduite du bateau pour ne pas le laisser me doubler, mais il revient vite à ma hauteur et finit par me dépasser. Une fois bord à bord je me rends bien compte que ce n’est pas du au vent, mais qu’il va très vite dans ces conditions. Nous passons au ras des plages, les villes de Carnon, Palavas et Frontignan défilent sous notre vent. En plus de gérer le manque de vent, il faut sans cesse gérer les bateaux à moteur qui ne se rendent pas compte à quel point leurs vagues rendent notre progression difficile. Au début je tente de les dévier un par un en leur faisant des signes, mais au fur et à mesure que nous avançons dans l’après-midi, ils deviennent trop nombreux, et je finis par capituler. Un peu avant de passer la ville de Sète le vent tourne et nous envoyons d’abord nos gennakers puis nos grands spis, Didac se décale un peu plus au large et je tente le coup au plus près de la ville et du port, ça passe ! Je reprends la tête… de quelques mètres. Notre lente progression continue.

Nous arrivons près du cap d’Agde, le vent est de plus en plus faible, je tente ma seconde option, passer entre l’ile du Fort Brescou et le continent, j’espère que ce goulet me donnera une petite accélération de vent pour creuser un petit écart. Le risque ? Rester planté dans les cailloux. La carte annonce juste ce qu’il faut de profondeur et au moins profond mon sondeur a indiqué 2m10… ma quille faisant 2m, il s’en est fallu de peu !!! Mais le bilan est plus que positif, ce qui n’était que quelques mètres c’est transformé en plusieurs dizaines de mètres, je suis satisfait, d’autant plus que le vent se lève légèrement et me permet de souffler un peu, j’enclenche le pilote pour la première fois.

Photo : Arthur
Vers 21h30 je passe la première marque, une bouée qui délimite un parc à moules en eau vive. La seconde marque (qui a la même utilité) est passée quelques minutes plus tard et nous pouvons mettre le cap sur l’Espagne. Des nuages commencent à faire leur apparition, il ne fait pas plus frais pour autant mais la nuit s’annonce d’autant plus humide ! C’est au près que débute notre route vers les Iles Medes, distantes de 115 Milles.

Une fois la nuit tombée nous envoyons toute la panoplie en fonction du vent qui tourne, gennaker, spi medium puis grand spi. Les vitesses ne sont pas folles mais nous progressons régulièrement. En milieu de nuit, le vent repart dans une autre direction et je porte mon plus grand spi le plus serré possible et, bien qu’il n’y ait pas beaucoup de vent, les efforts dans le bout-dehors sont assez importants. Ils auront raison de l’articulation entre le bateau et le bout-dehors qui finit par plier, laissant le bout dehors tomber dans l’eau d’un coté et le spi de l’autre coté… Je me bats un peu pour ramener tout ce petit monde à bord.

Fatigué par cet événement et la journée que nous venons de passer, je décide de faire une petite sieste avant d’entreprendre une possible réparation. Pendant ce temps mes deux concurrents directs reviennent fort. A mon réveil 25 minutes plus tard j’aperçois les feux de navigation de Didac, il est passé devant et Juan-Carlos sur le même bateau que le mien n’est plus très loin. Je décide donc de tenter une petite réparation, cela me prendra une petite demi-heure, je peux enfin renvoyer le spi au moment où Juan-Carlos est sur mes talons. L’hémorragie est stoppée ! Mais je n’ai pas super confiance en ma réparation…

Le vent reste à peu près établi, la progression devrait donc être assez efficace sous pilote automatique, j’en profite pour combler mon manque de sommeil avec plusieurs petites siestes.



Lundi 20 : Au petit matin nous approchons de la côte espagnole au niveau du cap Creus. Didac a l’air de prendre une option un peu plus au large, je décide de tenter le coup au ras du cap, tandis que Juan-Carlos est un peu plus extrémiste, il décide de s’enfoncer plus loin dans la baie qui précède le cap. Mon idée ici encore est de me placer sur une sorte d’axe où j’imagine qu’il peut y avoir un peu plus de vent grâce au relief. Le risque est qu’une fois le cap passé, je peux me retrouver dans une zone avec moins de vent pendant quelques temps, à manger mon pain noir ! Comme prévu, j’accélère franchement au passage du cap, ce qui me permet de reprendre une distance importante sur Didac et même de le doubler avec une certaine avance. Juan quant à lui reste un peu planté dans la baie, je suis de nouveau en tête, mais pour combien de temps ?

La zone sans vent est bel et bien là, devant moi et je n’ai plus d’autre issue… Je passe devant la ville de Cadaques, le coup de frein est franc, je redouble de concentration. Je suis cependant un peu distrait car le lever de soleil laisse place à un paysage magique, je suis au pied du cap qui culmine à près de 500m, le début des Pyrénées, une légère brume donne un caractère mythique à la carte postale ! La progression de Didac est elle aussi un peu ralentie bien qu’il soit plus au large. Après une bonne heure dans la pétole, le vent finit par revenir, Didac et moi semblons être ex-aequo. Devant nous les iles Medes à une petite quinzaine de Milles. Je m’accroche à la barre et tente de rester concentré sur la vitesse du bateau, le résultat est là, je distance un tout petit peu Didac, ce qui va me permettre d’aborder notre prochain checkpoint en tête.
Photo : Guillaume Rottée

Ici encore le paysage est magique avec une brume encore plus forte, on distingue à peine le haut de la montagne. Notre pointage se fera entre le port de l’Estartit au pied de cette montagne et une bouée des iles Medes. Je passe en tête, mais peu après la porte le vent tombe complètement, je ne progresse plus du tout, l’anémomètre annonce 1 nœud de vent et le bateau n’avance plus du tout… Je me bats une fois de plus, mais pas pour faire avancer, pour garder mon calme !



La chaleur commence à se faire sentir, et Didac qui a bien vu le trou de vent fait tranquillement le tour, me dépasse et creuse franchement l’écart, peut-être 1 mille d’avance… Juan-Carlos en profite également pour me rattraper, il est à une centaine de mètres derrière moi quand le vent daigne revenir. Après coup je réalise que j’ai fait une belle erreur et que si j’avais réfléchi un peu plus j’aurai pu prédire cet affaiblissement du vent grâce à la topologie des lieux…



Notre progression reprend, le grand spi est toujours de sortie, le vent forcit pour atteindre une dizaine de nœuds. Notre prochain point de passage est l’ile de Minorque dans l’archipel des Baléares, 125 milles devant nous. Il est donc temps de choisir la bonne route ! Et là j’ai ma petite idée, une bascule assez franche est attendue, je décide donc de m’écarter franchement de la route, vers l’ouest. C’est d’autant plus intéressant que cela me permet de garder le spi tandis que mes deux adversaires directs sont obligés de l’affaler. Ils ont d’ailleurs tendance à faire la même chose que moi mais de l’autre côté de la route, ce qui arrange bien mes affaires ! Une fois que je suis à un peu plus de 2 milles sous la route, j’affale le spi et le remplace par le gennaker, je fais navigue maintenant parallèlement à la route vers Minorque.

Le temps passe. En fin de journée la bascule arrive, nous sommes tous les trois obligés d’affaler nos voiles d’avant et de continuer sous foc et grand-voile seule, nous sommes au près ! Et ça y est je pense que j’ai repris la tête, mon placement était parfait !
Photo : Guillaume Rottée


La nuit arrive doucement et quelques instants avant le coucher de soleil j’assiste au passage d’un banc de thons proche du bateau, il y en a partout, la mer si lisse depuis des heures est un vrai bouillon, il y en a partout, leur manège est complètement désorganisé mais c’est une première pour moi, et donc un instant magique ! La nuit passe et je conserve ma position, même si Didac n’est pas loin !



Mardi 21 : A l’aube, Didac tente un virement de bord vers l’ouest, je trouve que c’est un peu osé de sa part, et initialement, je décide de ne pas le suivre, mais il s’avère qu’il va toucher une risée salvatrice qui va le ramener sur le devant de la scène. Je finis par virer pour le rejoindre mais trop tard, il a repris son retard et au moment de nous croiser il va passer un peu devant moi, je décide de ne pas le croiser et de rester un peu décalé sous son vent. Tout est à refaire !

Bien décidé à ne pas me laisser faire et bien en forme après la bonne nuit passée, je me concentre au maximum et négocie chaque petite variation de vent tant à la barre qu’aux écoutes, près de deux heures plus tard, j’ai réussi à le redoubler de quelques mètres !

Photo : Arthur

Nous ne sommes plus très loin de Minorque que nous allons attaquer par la côte nord au près sous les falaises. Une bataille de virements s’engage dans une dizaine de nœuds de vent. Didac tente sa chance au plus près des cailloux tandis que je garde un peu plus de distance. Il multiplie les virements pour rester au plus près tandis que je fais des bords plus longs mais pendant lesquels j’essaie de faire marcher le bateau au mieux. Une heure plus tard nous passons le dernier cap avant de pouvoir ouvrir les voiles pour attaquer la côte sud, j’ai réussi à creuser l’écart qui est maintenant de plus d’un mille. Le reste du tour de l’ile se fait dans un vent mollissant qui finira par tomber quasi complètement juste avant notre passage au checkpoint de l’ile de l’Aire, où nous devons passer entre cette ile et Minorque, le bateau accompagnateur s’étant positionné pour procéder à un pointage qui pourrait servir de classement si nous n’arrivons pas à finir la course à cause du manque de vent.

Photo : Arthur

Au moment de passer la porte, j’envoie le grand spi, mais il a la mauvaise idée de s’accrocher dans le balcon avant et de se déchirer sur près d’un mètre. Je l’affale donc en urgence et me mets immédiatement à le réparer. En effet la nuit est en train de tomber et l’humidité va très vite devenir importante ce qui m’empêcherai de réparer la voile avec une sorte de scotch spécial pour ces réparations. Cela me prend une bonne demi-heure, mais je peux finalement le renvoyer dans la pénombre. Par chance nous sommes dans une bulle de pétole et notre progression est très lente, la distance que mon poursuivant m’a repris est donc assez faible ! En effet malgré qu’il ne soit qu’un mille derrière moi, il passera la porte près d’une heure après moi.



Nous venons de passer la mi-course, il est temps maintenant de rentrer en France via les iles Medes en Espagne. Grosse option à venir ! Si on écoute la météo, la logique serait d’aller tirer un bord à l’ouest de la route. Mais cela nous fait passer sous le vent de Minorque, déjà qu’il n’y a pas beaucoup de vent, je trouve cette option très risquée et décide donc de m’éloigner le plus possible de l’ile en partant à l’est. Plus je m’éloigne plus je touche de vent, vers minuit j’ai près de 5 nœuds de vent (et ouais ça souffle !). Il est temps d’empanner et de remettre le cap sur l’Espagne. Je suis maintenant bien loin de la route et n’ai aucune idée de l’endroit où est Didac.



Mercredi 22 : Aux premières lueurs du jour le vent refuse doucement, je range le spi et le remplace par le gennaker. La journée s’annonce très chaude, le vent faiblit de nouveau.

A 11h et je n’ai pas beaucoup dormi, heureusement les performances du bateau dans ces conditions sous gennaker sont impressionnantes, avec 4 nœuds de vent nous avançons à près de 5 nœuds. Je commence à être vraiment fatigué, je trouve donc un petit coin à l’extérieur du bateau avec un peu d’ombre et décide de tenter une petite sieste, l’intérieur du bateau étant simplement inaccessible avec la chaleur qui y règne.

A peine endormi le vent tourne et je sens le bateau qui ralentit, il faut renvoyer le spi… Ereintant par ces conditions mais obligatoire si je veux continuer à avancer. Toute la journée se passera comme ça, et je n’ai pas réussi une seule fois à fermer l’œil plus de 5 minutes.
Photo : Arthur

En milieu d’après-midi, alors que le vent nous a complètement quitté, j’aperçois une voile sur l’horizon sous mon vent, dans mon ouest, et elle progresse doucement sur moi, une heure plus tard elle m’a franchement doublé et continue sa route à bonne vitesse. Evidemment je suis convaincu que c’est notre ami Didac qui bénéficie d’un meilleur vent que nous. Je suis franchement abattu par cette vision, et bien qu’il est déjà disparu devant moi, je reste motivé. Il faut continuer à se battre, comme dirait Alain Gabbay : « On n’est pas l’abri d’un coup de bol ! ». Peut-être que la situation va s’inverser un peu plus tard et que je pourrai le redoubler.

La journée continue dans des conditions très similaires, et en toute fin de journée le vent rentre fort, pour atteindre un peu plus de 20 nœuds, je suis sous grand spi, et cela me permet de couvrir les 20 derniers milles vers le continent en moins de deux heures. Je suis au bout de la fatigue, mais convaincu d’avoir perdu la tête de la course, je donne tout pour rester éveillé. Les conditions sont vraiment sympas et les surfs dans les vagues éclairées par la lune aident à me maintenir éveillé.

A l’approche de l’Espagne, le vent retombe à nouveau à moins de 5 nœuds, et tourne pour que je me retrouve au près. Pour rajouter encore à ma fatigue, il change encore plusieurs fois de direction me forçant à multiplier les manœuvres. Je crois plusieurs fois être au bout de mes limites. Mais nous sommes maintenant proches de la côte et de ses cailloux et il m’est bien impossible d’aller dormir, ce serait bien trop risqué.

Vers minuit dans un vent erratique je passe le checkpoint des iles Medes, Guillaume, le directeur de course toujours à son poste me donne mon temps de passage. J’en profite pour lui demander depuis combien de temps Didac est passé. Pour rigoler il fait un peu monter le suspens, je m’imagine le pire, qu’il est passé il y a plusieurs heures… mais j’apprends finalement qu’il est plusieurs milles derrière moi !

Le soulagement est assez bref car je suis toujours dans la pétole avec des vitesses comprises entre 1 et 2 nœuds. Quelle est mon avance ? Ca je ne le sais pas, et avec une progression aussi lente, elle peut fondre très rapidement. Je reste donc concentré.

La pression étant quand même un peu moins grande, je décide de dormir à la première occasion. Une trentaine de minutes après les Iles Medes, le vent semble forcir et se stabiliser, je saute sur l’occasion. Après moins de 5 minutes de sommeil, je sens le bateau qui s’arrête complètement et qui se fait malmener dans les vagues. Le vent est complètement tombé, le bateau fait des tours sur lui-même, et ce sera comme ça pendant près de deux heures.



Jeudi 23 : L’arrivée

Finalement au petit matin je suis toujours devant Cadaquès et le vent se lève tout doucement.

Pas très loin de nous il y a un joli mouillage au pied du village, et au milieu de tous les bateaux j’aperçois le majestueux Pen Duick 6, qui un peu plus tard quittera le mouillage au moteur en direction lui aussi des côtes françaises.

En fin de matinée, le vent finit par s’établir en force mais pas en direction, il n’est pas encore temps de dormir, mais au moins nous avançons vers l’arrivée ! Et en début d’après midi le vent forcit franchement pour dépasser les 20 nœuds, les compteurs s’affolent et les vagues de plus en plus formées pimentent la situation.

Je commence à être à la limite de la fatigue, alors que je suis à la barre en plein surf à près de 15 nœuds, je m’endors une fraction de seconde et me réveille en sentant le bateau dans une position plus qu’indélicate, juste le temps de me dire : « Houla, ça va pas bien se passer !». L’instant d’après, le bateau est couché sur l’eau, j’arrive tant bien que mal à nous remettre sur la bonne route et décide qu’il temps de faire une sieste, tant pis pour la performance !

J’affale le grand spi et plonge dans la cabine pour une sieste de 20 minutes. À mon réveil, le vent a légèrement tourné et je n’ai plus besoin de renvoyer le spi pour faire route sur la ligne d’arrivée, je vais moins vite, mais je vais m’en contenter ! Je retourne me coucher et j’enchaine deux, peut-être trois, siestes de 20 minutes.



C’est finalement vers 20 h que je passe la ligne d’arrivée en tête d’une course qui aura été éreintante mais passionnante.
Photo : Marine Feuerstein


J’ai finalement creusé un écart de plus 30 milles sur mon dauphin. Il est clair que si j’avais su j’aurai probablement levé le pied, mais cela m’a permis de cerner un peu mieux mes limites et de découvrir un monde où il faut se battre constamment avec la fatigue pour garder force et lucidité nécessaires à la performance. L’objectif étant maintenant de savoir où mettre le curseur de la fatigue en fonction de la longueur des courses sur lesquelles je vais m’aligner et en fonction de la météo que je vais rencontrer.

Je tiens une nouvelle fois à remercier tous ceux qui participent à ce projet avec moi ! La voile ne serait-elle pas le plus solitaire des sports d’équipes ?



Prochain rendez-vous à la Rochelle pour le Challenge Mini du 14 au 16 septembre pour des courses à la journée en équipage.