Bonjour
à tous,
Comme
promis, retour sur les 5 jours passés en mer la semaine dernière.
Afin
de me qualifier pour la Mini Transat, il me faut effectuer un parcours imposé en
solitaire dont la route fait 1 000 Milles, soit 1852 Km. Ce parcours consiste
en un aller-retour entre l’ile de Ré et une bouée de Coninberg le long de la
côte Irlandaise.
Le
samedi 21 juillet, comme tous les jours, j’épluche les fichiers météos afin de
trouver une fenêtre météo bénéfique pour faire ce parcours, il semblerait qu’un
départ lundi matin serait parfait et me permettrait de naviguer assez
rapidement et dans des conditions variées. Le compte à rebours est lancé :
approvisionnement du bateau, nettoyage de la carène, dernières vérifications.
Le
lundi matin, nous nous levons aux aurores et aidé de mon amie nous allons gréer
les voiles sur le bateau. Vers 9h30, nous faisons un dernier briefing météo
avec mon coach (Jean Saucet). Et à 10h30 après un au revoir en règle, je quitte
le ponton. C’est parti pour quelques jours de solitude.
Tout
se passe à merveille, le ciel est magnifique et c’est sous spi que je débute ma
route.
Je
longe le sud de l’ile de Ré en direction du plateau de Rochebonne, un haut fond
rocheux qui se situe à une cinquantaine de milles au large, passage obligé de
mon parcours. Sur ce premier tronçon, le vent est assez changeant, tant en
force qu’en direction, et j’enchaine déjà quelques changements de voiles, c’est
du sport mais ça me plait. C’est un excellent entrainement en conditions ! En
fin d’après-midi, je passe le plateau de Rochebonne, beaucoup de pécheurs sont
présents et il faut être assez prudent afin de ne pas faire un mauvaise
rencontre !
Direction
la pointe de la Bretagne maintenant, la nuit est assez calme, et même si le
vent n’est pas très fort, il nous propulse à bonne vitesse et nous permet
d’être en Bretagne dès le matin. N’étant pas en course, j’ai pas mal dormi
pendant la nuit, j’en profite pour faire fonctionner le nouveau pilote
automatique au maximum afin de bien apprendre à m’en servir. N’allez pas non
plus croire que j’ai roupillé toute la nuit mais j’ai réussi à faire plusieurs siestes
de 25 minutes ! Cette nuit à d’ailleurs été assez magique avec un ciel tapissé
d’étoiles très lumineuses et d’un très grand nombre d’étoiles filantes. En plus
à deux reprises des groupes de dauphins sont venus nager sous le bateau,
enveloppé d’une robe de plancton phosphorescent.
Mardi.
Le vent tourne légèrement le matin et le spi est de retour.
Mais
en milieu de journée le vent tombe complètement et cela restera comme ça une
bonne partie de l’après midi. Je prends mon mal en patience et tente d’exploiter
le moindre petit souffle. Rien n’y fait : je suis collé ! Après les
premières heures de navigation qui m’ont permis de faire une bonne moyenne,
c’est un peu frustrant !
En
fin de journée, j’ai un petit coup de blues, ça y est je suis dans le grand
bain de la navigation en solitaire ! J’ai beau être près de la côte, je suis
assez seul, aucun bateau en vue, mes proches sont à terre, ils s’inquiètent
probablement pour moi et je m’inquiète pour eux. Contrairement aux courses du
programme, la qualif - comme la Mini Transat - nous met dans des situations où
nous n’avons personne à qui parler pendant plusieurs jours. Ces situations,
bien qu’un peu difficiles, sont intéressantes et permettent parfois de revenir
à l’essentiel, c’est important de le réaliser car au milieu de l’Atlantique il
n’y aura plus grand monde pour nous aider. Et il faut bien peser chaque action,
chaque mouvement car les erreurs peuvent coûter très cher.
Au
plus fort de la pétole, à une cinquantaine de mètres du bateau, je vois passer
un aileron et une nageoire de requin, il doit bien faire 1m50, c’est la
première fois que j’en vois un chez nous, je suis un peu surpris !
Le
vent revient et avec lui ma bonne humeur ! Nous passons finalement la pointe de
la Bretagne entre l’ile d’Ouessant et les rails des cargos au large, notre
route nous emmène plein nord avant de bifurquer au nord-ouest pour éviter
justement le goulet du trafic des cargos.
Mercredi.
Au petit matin la valse des cargos commence. C’est toujours impressionnant de
croiser ces mastodontes des mers, mais ici encore il faut faire bien attention
car lancés à pleine vitesse ils sont très peu maniables et il leur serait bien
difficile de nous éviter !
Le
reste de la journée se passe bien, le vent reste consistant et nous avançons
vite sur la route vers la pointe de l’Angleterre. En fin d’après midi, j’ai
l’impression de voir un grand spi bien rond à l’horizon, je me dis que c’est
peut être un Mini, peut-être lui aussi en qualif ? Et c’est bien ça, mon impression
se confirme, je tente un appel VHF et là un fort accent espagnol me répond !
C’est le Mini 435 qui est lui aussi en qualif, nous échangeons quelques mots
sans changer notre route, c’est une rencontre très sympa !
En
m’approchant de l’Angleterre, j’aperçois un nuage assez bas sur l’eau, et plus
je m’approche plus ça se précise, c’est quelque chose que je connais bien après
mes quelques années d’études au Royaume-Uni, le FOG ! En un instant, je suis
submergé, la température perd facilement 10°, le vent monte facilement de 10
Kts, le ciré est de sortie et je prend mon premier ris dans la grand-voile
depuis le départ ! Pour ajouter un peu plus à l’ambiance on ne voit pas à 100m
et un cargo en route de collision est signalé par l’AIS (transpondeur qui permet
de savoir où sont les bateaux équipés autour de nous). Après une bonne
trentaine de minutes comme ça, le vent tourne et je vire en direction du phare
de Wolfrock. Finalement un peu avant le coucher du soleil, je sors du fog, pour
assister justement à un très beau coucher de soleil. Avec la nuit qui tombe, le
vent tombe aussi, je fini par me retrouver dans la pétole une fois encore, avec
la côte anglaise en vue, le tout face au courant, nous passons donc une bonne
heure à reculer doucement… Mais le vent revient finalement vers minuit
française.
Jeudi.
A l’aube nous avons largement dépassé les côtes anglaises.
Vers
8h, alors que je faisais une petite sieste, mon AIS me réveille, il indique un
voilier en route opposé, je sors la tête et aperçois au loin une voile, il y a
une quinzaine de nœuds de vent et c’est une voile de Mini qui se dessine à
l’horizon, le 635, une fois encore je tente un appel vhf, je comprends que
l’autre skipper tente de répondre, mais sa vhf semble cassée, sa réponse est
inaudible.
Pendant
la matinée, le vend monte tranquillement, nous sommes au près et vers 10h, j’ai
pris un ris dans la grand voile, à ce moment-là, la gaine de la drisse (corde
qui permet d’hisser la voile) de grand-voile s’est rompue, le résultat est que
je ne peux pas réduire plus la voile ni la re-hisser. Vu les conditions, je ne
suis pas trop inquiet, il n’est pas prévu que le vent monte plus, je compte bien
aller jusqu’en Irlande comme ça. Mais dans les minutes qui suivent, le vent
forcit clairement, je réduis la taille de mon solent (voile d’avant), mais il
est clair au bout d’un moment que je suis surtoilé. La mer en a également
profité pour grossir, et c’est devenu la guerre ! Au début je m’accroche à la
barre, pour tenter de garder le cap, le pilote étant un peu débordé par le fait
que nous soyons surtoilé. Il me faut me rendre à l’évidence, cela devient un peu
trop chaud, je suis en qualif et je fini par penser que le risque n’en vaut pas
trop la chandelle, ma grand-voile est assez vieille, elle s’est déjà déchirée
deux fois, et je ne suis pas certain qu’elle résiste à ça…
Je
fais donc demi-tour à 80 milles du but.
Le
retour s’annonce express, j’envoie rapidement le spi médium et commence une
cavalcade à plus de 12 kts. J’espère seulement que le reste de la drisse va
tenir jusqu’à la Rochelle afin de valider un maximum de Milles. En milieu
d’après-midi, je suis déjà en vue de la côte anglaise. Une fois passée, le vent
diminue encore, jusqu'à la pétole au même endroit que la veille, c’est une
manie ! Dans la pétole, je croise le monocoque d’Alex Thompson, Hugo Boss, qui vient à l’instant de
battre le record de l’Atlantique ! Well done Dude !
Le
vent finit par remonter franchement et me permet d’avaler la traversée de la
Manche, dans la soirée.
Vendredi.
Vers 2h du matin, alors que le bateau fonce à un peu plus de 10 kts dans la
nuit noire, la quille du bateau se prend dans quelques choses, casier, filet ou
autre, bref, le bateau fait un vrac monumental, je me retrouve avec le spi dans
l’eau, le bateau ne se remet pas droit, je finis par lâcher la drisse. Je me
bats pendant près de 30 minutes pour remonter le spi et me dégager de ce qu’il
y avait dans la quille. Je suis rincé et n’ai pas le courage de renvoyer le
spi, je pars faire la sieste !
Aux
premières lueurs du jour le vent à un peu faiblit, j’ai repris mes esprits et
renvoie donc le spi.
Nous
sommes en direction de la chaussée de Sein, une bouée dans l’axe de la pointe
du Raz qui permet d’éviter tous les rochers. Le vent se renforce franchement et
les vitesses s’affolent, pointes à 15 kts. C’est pour ces moment- là qu’on fait
du Mini !!!
A
l’approche de la bouée, j’affale le spi pour pouvoir manœuvrer plus sereinement
et là, suprise, j’ai rattrapé le 635 ! Nous allons passer ensemble la bouée. A
ce moment, le vent a encore forci, je décide de ne pas renvoyer le spi, les
vagues sont très fortes et nous surfons parfois à plus de 16 kts…
En
ce début de matinée, le vent est redescendu à 25 kts, je renvoei le spi et,
bien que le vent soit moins fort, je vais encore plus vite ! J’enregistre une
pointe à 18 kts sur le speedo, et 17,5 sur le gps ! C’est en cette fin de matinée
que le vent fini par mollir et j’en profite pour faire plusieurs bonnes sieste.
Et je fais bien car en fin de journée le vent repart de plus belle, avec de
belles vagues, peut-être 3 mètres, au début sous spi, puis la voie de la raison
me conseille d’affaler et de continuer sans spi, avec des vitesses ici encore
ahurissantes.
L’arrivée
est prévue pour le lendemain matin. Je suis bien en mer, je suis sur mon bateau
comme sur un petit nuage et je ferais bien quelques milles de plus ! A l’approche
de l’ile d’Yeu le vent a encore molli, la nuit est très noire, seul le phare de
l’ile au loin illumine les voiles par intermittence.
Pour
finir notre voyage le vent revient fort, je prends la barre et commence une
nouvelle cavalcade sur une mer parfaitement plate ici encore à près de 14 kts.
Et ça ne s’arrêtera pas jusqu'à l’arrivée sous le pont de Ré vers 9h30 avec
comme seul bémol la rencontre avec un très gros paquet d’algues qui m’a forcé a
affaler le spi et à faire une marche arrière pour m’en dégager.
Vers
10h30, je pose le pied à terre, ma chérie et Anne Phellipon de Navigatlantique
sont là pour m’accueillir ! Je serai bien resté encore en mer, mais je suis
ravi de revenir sur le plancher des vaches ;-)
En
bref, j’ai une nouvelle fois passé des moments merveilleux sur l’eau !
Merci
encore à tous ceux qui soutiennent ce projet !
Arthur
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